Nous sommes ravies qu’à nouveau un homme prenne la parole sur le sujet de la mixité sur le blog des elles du Groupe BPCE ! Fabien Saguez, Directeur technique national et manager sportif technique général des équipes de France à la Fédération française de ski, est un homme engagé dans son management et nous donne aujourd’hui sa vision de la mixité dans le sport mais aussi dans la société en général.
Selon vous, est ce que le fait d’être une femme représente un atout dans la vie professionnelle ?
Je vais être sincère, non je ne le pense pas. À l’heure où nous parlons de parité, la mixité ne devrait pas être le sujet. Le plus important c’est de ne pas être avantagé en fonction de son sexe. Et en même temps, le combat pour le féminisme a connu de nombreuses étapes mais ce n’est pas encore gagné !…
Dans le sport en tout cas, il existe encore trop de différences. Quand j’accompagne une athlète de haut niveau, une championne, je ne la vois pas différemment d’un athlète masculin. En revanche pour le manager que je suis, il y a des codes à respecter. Par exemple, contrairement aux hommes, les femmes sont beaucoup plus justes et plus honnêtes. Je m’explique : les athlètes féminines ont besoin d’une grande justice, les athlètes masculins y sont beaucoup moins sensibles. Si le projet est clair, juste, la capacité d’engagement d’une athlète est encore plus forte. Avec les hommes, il faut parfois être obligé de repréciser les choses… Il faut donc adapter son management en fonction du public géré.
À la Fédération Française de Ski, l’investissement est le même auprès des athlètes que ce soit des hommes ou des femmes. Nous leur demandons le même engagement, plein et entier.
Malheureusement, force est de constater que dans le sport en général, notamment en termes de gains financiers, la différence est réelle. Nous, dirigeants sportifs, nous nous devons de faire changer les choses et nous mettre d’accord sur le fait que la valeur d’une médaille d’or décrochée par un homme ou par une femme est exactement identique.
Quelles sont les qualités essentielles d’une femme pour réussir selon vous ?
Comme je le disais précédemment, l’engagement et le niveau d’adhésion sont de grandes qualités féminines. Le challenge est d’en persuader les athlètes afin qu’elles s’investissent à 100% voire plus ! C’est là où le rôle du manager est essentiel.
Je dirais aussi que la capacité de travail d’une athlète est plus importante que celle d’un homme.
Je peux comprendre qu’on fasse passer des lois pour réglementer la parité, même si pour moi le recrutement d’une collaboratrice ou d’un collaborateur doit être basé sur l’analyse de ses compétences de manière égale. Mais aujourd’hui c’est tronqué par les réseaux qui sont essentiellement des réseaux masculins, les postes à responsabilité sont donc ouverts principalement aux hommes ! Nous sommes donc malheureusement obligés de passer par ces lois même si je n’approuve pas la manière de faire.
Quel message aimeriez-vous partager avec Les elles du Groupe BPCE ?
Le premier est qu’en tant qu’homme j’ai besoin de continuer à apprendre des femmes pour améliorer mon management.
Le deuxième, serait de casser les codes : une femme quand elle fait du haut niveau elle est déjà performante, alors pourquoi est-elle bien moins payée ? Pourquoi les remarques sexistes ne sont que pour elles ? Je n’ai pas envie d’être aveugle. Au quotidien, on doit continuer à éduquer les hommes à mieux respecter les femmes.
Au sein de notre structure, peu de femmes font le métier d’entraîneur car il y a de fortes contraintes logistiques qui sont de véritables freins à leur épanouissement. Il faudrait trouver des hommes volontaires pour les accompagner : se mettre au service des femmes quand c’est nécessaire et changer les codes sociétaux.
En tout cas, c’est ce que j’essaye de faire au sein de la FFS en apprenant aux Directeurs ou Chefs d’Equipes d’adapter leur management quand ils sont missionnés auprès d’équipes féminines en adoptant une attitude appropriée.