« Il a commencé par me dire : surtout tu ne me donnes pas ta réponse maintenant ». Catherine Mallet se souvient. Elle se souvient du jour où le président du conseil d’administration de la Banque Populaire Occitane lui a demandé de prendre la suite …
Son prédécesseur la connaissait. Il lui avait demandé de réfléchir, anticipant sa réponse en cas de précipitation. « Un « non » de réflexe, un « non » de survie lui aurais-je répondu dans l’immédiat », explique-t-elle aux elles du Groupe BPCE. Jeune et membre du directoire d’Actia, une société familiale industrielle cotée, Catherine Mallet, rassemblait toutes les qualités pour occuper ce poste, mais… passer d’administrateur à présidente de conseil demande du temps et surtout, un brin de confiance en soi. « Je ne me serais jamais présentée à la présidence sans qu’on me le propose, sans être accompagnée. Je suis d’une génération où les femmes ont besoin d’une main tendue pour se sentir légitimes. Pour la femme, la légitimité passe par le regard de l’autre, ce n’est pas le cas pour l’homme », raconte-t-elle.
Son parcours n’a pourtant rien d’illégitime et elle le sait. Embauchée dans l’entreprise créée par son père, Catherine Mallet a grimpé les différents échelons jusqu’à faire partie de l’équipe dirigeante aujourd’hui, aux côtés de son frère. Et a vécu au rythme des aventures d’Actia : participation à l’une des premières fusions inversées françaises, crise des nouvelles techno dans les années 2000, recherche d’investisseurs, internationalisation… En somme, les réussites et les difficultés d’une entreprise en croissance. « Surtout, ne jamais avoir de regrets, explique-t-elle. C’est le cas si vous prenez vos décisions avec honnêteté ».
Avec la taille de son entreprise (520,4 millions d’euros de CA en 2019, 3860 salariés présents dans 16 pays) et sa connaissance du secteur industriel, Catherine Mallet pensait pouvoir apporter son expérience à la Banque Populaire Occitane et témoigner de l’activité économique locale. C’est chose faite. Elle a même plaisir, nous dit-elle, à participer au monde bancaire et à promouvoir la spécificité hexagonale parmi un système européen peu coutumier du modèle coopératif à la française. Bref, une deuxième vie professionnelle pour cette fille, sœur et femme d’entrepreneur, et mère de deux filles à qui elle souhaite naturellement de ne se fixer aucune limite.