Et sinon quoi ? Dix adolescents entre 13 et 16 ans sont venus partager avec nos « elles du Groupe BPCE » leur vision de la mixité : de la réalité de ce qu’ils vivent à la maison et au collège/lycée à la façon dont ils imaginent l’entreprise et l’égalité homme/femme dans la société à court et moyen terme. Des solutions pour changer les choses ? Ils en ont, tout en ayant conscience que les plus radicales restent de l’ordre de la science-fiction.
Lucides, nos jeunes invités ont relaté quelques épisodes vécus à l’école qui laissent perplexes. Se peut-il qu’en 2019, les jeunes filles ne se voient toujours pas conseiller des études d’ingénieurs ou soient jugées systématiquement nulles en sport ? Cette rencontre, qui n’a aucunement la prétention d’être représentative sur quelque plan que ce soit, conforte tout de même nos « elles du Groupe BPCE » dans leur action : mobiliser, sensibiliser, déconstruire les préjugés. Et surtout ne rien lâcher… car l’égalité est loin d’être acquise. Un immense merci à eux de s’être prêtés à cet échange avec les adultes que nous sommes, manifestement responsables de la diffusion des stéréotypes jusqu’à infusion…
Maman repasse, papa conduit, mais elle bricole et il fait la cuisine.
Jeune, l’inégalité est vécue comme une injustice : cette video que nous partageons avec nos lecteurs et lectrices, nous a autant fait sourire qu’attristés. Et nos invités nous l’ont bien confirmé : ils se veulent égaux. Pourquoi dès lors, une fois adulte, nous surprenons-nous à faire circuler de vieux stéréotypes ? Ce, alors même qu’ils ont pu nous indigner en leur temps ? Des millénaires d’Histoire invoquera-t-on… Pour nous expliquer comment sont façonnés les systèmes de pensées et les comportements actuels, le sociologue Patrick Banon avait, ici même il y a un an, remonté le temps jusqu’à l’époque de la sédentarisation de l’espèce humaine (il y a 12.500 ans) ; moment où, d’après lui, s’est opérée la bascule : « c’est à cette période qu’ont été redistribuées les activités féminines et masculines, les hommes s’appropriant le territoire de l’extérieur, les femmes, celui de l’intérieur ». Et depuis ? Maman s’occupe du repassage, papa de la voiture ? Oui, mais elle bricole et il fait la cuisine, ont tenu à préciser nos adolescents. A la maison, nos dix jeunes ne ressentent pas de grandes différences entre les hommes et les femmes, et trouvent la répartition des tâches plutôt équilibrée.
« Nous sommes traitées différemment sans raison apparente »
A l’école, c’est une autre histoire. Non pas que les stéréotypes ne soient pas présents dans le cercle familial, mais c’est au collège et au lycée que nos jeunes nous ont conté les épisodes les plus marquants.
Ceux relatifs à la tenue vestimentaire semblent être les plus mal vécus. « Les filles, il faut qu’elles soient jolies, bien habillées, bien maquillées, mais pas trop, sinon elles se prennent des réflexions (voire des insultes, si les tenues sont jugées « trop sexy », ndlr). Les garçons, eux, viennent en jogging et c’est normal », ont-elles confié, unanimes. Et les remarques viennent tout autant des adultes que des autres élèves, tous sexes confondus. « On dit qu’elles sont toujours en retard, mais on exige des femmes d’être parfaites », ajoute l’une d’elle. Ce qu’on attend des filles ? Vraisemblablement, de n’être ni trop, ni pas assez. Conformes. Alors même que les garçons peuvent déjà s’affranchir des règles… Dur.
Ceux relatifs à l’orientation restent sans doute les plus attendus et les plus décourageants : même avec une appétence marquée pour les sciences, les filles ne se voient pas conseiller une école d’ingénieur … Cela n’empêche pas nos invité(e)s de voir grand, tant mieux. Car le monde de l’entreprise n’est pas rose. Tous le savent.
« Les femmes ont les idées mais elles ne les mettent pas en œuvre »
Avec une lucidité déconcertante, ils ont énuméré toutes les différences de traitement qu’il existe, selon eux, entre les hommes et les femmes en milieu professionnel. Les femmes sont « moins bien payées », « moins chefs », évidemment. Elles ne sont « pas placées à des postes de décision », ne sont « pas poussées vers le haut » alors qu’elles sont « tout autant utiles », « aussi compétentes », « autant capables ». Elles sont même vues comme étant celles qui ont des idées mais qui ne les mettent pas en œuvre. « Cette partie-là, elle est laissée aux hommes ». C’est donc avec un très grand plaisir que nos « elles du Goupe BPCE » ont partagé avec eux leur expérience, les encourageant à oser, à être curieux, à s’enrichir de leurs échecs, à faire ce qu’ils aiment, à se faire confiance et à faire confiance à ceux qui croient en eux, en elles, femmes et hommes. Car les hommes, ne l’oublions pas, sont aussi là pour faire bouger les lignes.