Auteure de « Wonder Women, dites oui à vos pouvoirs », un livre qui invite les femmes à se faire confiance et à oser, Valérie Lorentz Poinsot est de celles qui suscitent l’optimisme. Si la mixité à l’intérieur des organes de gouvernance est loin d’être acquise aujourd’hui, la Directrice Générale Déléguée des Laboratoires Boiron semble confiante quant à la capacité des hommes et des femmes à faire évoluer la situation. Une question de temps mais aussi de volonté personnelle et de volontarisme collectif. Une rencontre comme on les aime.
Les elles du Groupe BPCE : Alors que la part des femmes dans les conseils d’administration et de surveillance, portée par la loi Copé-Zimmermann, progresse (bien qu’elle reste en deçà des quotas fixés), celle des femmes dans les comités exécutifs (ou comex) reste largement insuffisante. Faut-il nécessairement légiférer pour faire avancer les choses ?
Valérie Lorentz Poinsot : Il est à la fois navrant et nécessaire de devoir avoir recours à des lois pour faire avancer la cause des femmes. Cela a souvent été le cas au cours de l’Histoire : le droit des femmes s’est construit au fil du temps, de manière parcimonieuse depuis Olympe de Gouge et de façon accélérée depuis 1946 – année qui pose les bases de l’égalité hommes / femmes. La réforme des régimes matrimoniaux permettant aux femmes d’ouvrir un compte en banque ne date que de 1965… donc tout cela est récent, et la réalité, c’est que dans un certain nombre de cas, la loi reste un passage obligé. Néanmoins, je n’opterais pas pour une loi similaire pour stimuler la présence des femmes dans les Comex.
Pourquoi ?
Sur ce point, je ferais davantage confiance au temps et aux femmes. Confiance au temps, parce qu’aujourd’hui, on manque de femmes prêtes à accéder à des postes de direction. C’est le cas dans un certain nombre de secteurs d’activité. On ne peut pas passer d’une fonction d’employée de production par exemple à une fonction exécutive. Il faut du temps pour que le vivier se constitue. Confiance aux femmes aussi, parce qu’elles peuvent s’entraider, notamment par le biais des réseaux à l’intérieur desquels il y a beaucoup de bienveillance. Ils ont une réelle utilité pour travailler l’exemplarité et la confiance en soi. La confiance, c’est extrêmement important pour que les femmes aient envie d’occuper des postes de direction. Parfois il ne faut pas grand-chose pour qu’elles aient le déclic et qu’elles s’envolent. Il faut seulement savoir accepter la main tendue et dire « oui » à ses capacités.
Et le comportement des hommes dans cette affaire ?
Je dirais que le troisième frein, d’ordre culturel également, provient des peurs – irrationnelles – que les hommes entretiennent vis-à-vis des femmes : peur qu’elles s’absentent plus souvent, peur qu’elles manquent d’implication (alors que celles qui sont ambitieuses, dans le bon sens du terme, s’impliquent énormément), peur qu’elles pensent ou qu’elles se comportent différemment. Eh bien, il faut travailler sur ces peurs pour les canaliser : Quand on a peur de prendre l’avion, on prend l’avion… et on constate que ce n’est pas si terrible que cela !
Quelques conseils pourriez-vous donner aux elles du Groupe BPCE ?
Pour les petits comme pour les grands soucis, voici une de mes règles, valable pour les hommes comme pour les femmes et qui aide beaucoup dans toutes les situations de crise : respirer, réfléchir, réagir uniquement dans cet ordre. Si je peux donner un conseil, spécifiquement pour les femmes qui souhaitent entreprendre, c’est de suivre ce que j’appelle la démarche « tête, cœur, corps » : se poser la question du sens à donner à son action (tête) et de la façon de mener cette action (cœur) et prendre soin de soi (corps). Passer du temps avec soi-même pour emmagasiner de l’énergie. Elle servira aux autres et permettra de bien manager.
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